Conférence Histoire de l'art : Jean Moulin ou Romanin , peintre du désastre dans la civilisation 2011 à Béziers / Herault
Evènement passé.
Le vendredi 20 mai 2011 à Béziers.
Souvenir de promenades enfantines, "Romanin" est le pseudonyme utilisé par le futur héros symbolique de la résistance de la Seconde Guerre mondiale, pour cacher son appartenance aux fonctionnaires préfectoraux. Dès l'enfance, Jean Moulin se passionne pour le dessin et se fait remarquer par la cocasserie de ses croquis humoristiques que ses professeurs éprouvent à leurs dépens. Agé de 15 ans lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Jean Moulin est envoyé en 1918 au front sans combattre. Cependant, la vision tragique des villages dévastés et le retour des prisonniers marquent durablement "Romanin" dont les premières caricatures, dans La Baïonnette et la Guerre Sociale, reflètent son travail de transformation de l'effroi de la guerre en création picturale.
Artiste graphique, Jean Moulin va emprunter à son temps son mode d'expression pictural, pour exprimer ses réflexions sur l'actualité de l'époque. Dessins d'humour et caricatures, qui l'accompagnent durant sa courte existence, sont des formes d'expression privilégiées de son engagement dans la vie citoyenne et politique, mais aussi en fin observateur du monde qui l'entoure et en témoin amusé, par un regard incisif, railleur des travers de la vie mondaine et de la société des "années folles."
Le processus créateur de "Romanin" trace son chemin entre la légèreté de la "passagèreté" et la destructivité. à partir du matériel puisé dans sa vie et d'évènements traumatiques de l'enfance, l'oeuvre paye son tribut à Thanatos. Si l'oeuvre est inégale, elle est marquée par la place accordée à la mort et par la densité de l'angoisse à lier, à construire, qui va jusqu'à tordre l'objet et l'espace pour qu'ils se prêtent à la logique dans laquelle il cherche à les retenir et à les enserrer par des caricatures satiriques... Ses étranges dessins au crayon de charniers, qui, plus encore que les tragédies de la Première Guerre mondiale, annoncent le désastre qui va suivre, avec le même saisissement que l'on retrouve plus tard dans les oeuvres des peintres des camps de l'horreur. Dans une guerre, disait Freud en 1914, la première victime est la vérité. Parole anticipatrice que Freud va être amené à éprouver dans ses livres brûlés et Jean Moulin - "Romanin" dans son corps torturé, assassiné.
Conférence Histoire de l'art : Jean Moulin ou « Romanin », peintre du désastre dans la civilisation
par Yves Morhain, Professeur de psychologie clinique et de psychopathologie, Université Lumière, Lyon 2.
Vendredi 20 mai 2011 Ã 17h
Musée des Beaux Arts Fabrégat
Place de la Révolution
34500 Béziers
Tél : 04 67 28 38 78